Pucerons Tomates : comment protéger vos plants ? (partie 1)

Pucerons Tomates : comment protéger vos jeunes plants contre les attaques de ces ravageurs populaires ? C’est ce que je vous propose de voir dans ce premier article sur le sujet.
Quel que soit votre expérience au potager, vous avez certainement déjà décidé d’y cultiver vos propres tomates.
Décrite comme un fruit par les botanistes ou comme un légume aux yeux des consommateurs, la tomate est la denrée la plus consommée par les français dans la catégorie fruits et légumes.
Bien des amateurs en raffolent. Facile à cultiver avec beaucoup de choix de variétés, la plante fournie des fruits en abondance. Un peu d’eau, un peu d’engrais vert et hop c’est partie pour de belles récoltes pendant toute la saison !
L’essentiel
- Examinez les plants que vous achetez en jardinerie afin qu’ils soient sains pour la plantation
- Contrôlez les fourmis pour limiter les pucerons tomate avec des nématodes et des méthodes de détournement olfactifs.
- Utilisez des plantes répulsives et attractives pour protéger vos tomates des attaques de pucerons
- Utilisez des engrais naturels pour favoriser les défenses de vos jeunes plantes (N.P.K de 5.3.3.)

Tout semble pousser à merveille, vous avez tout fait correctement.
Jusqu’au jour où vos pieds de tomate accusent le coup. Trop chaud, pas assez d’eau, plus de potassium, moins d’azote peut être ? Vous essayez des choses mais rien ne semble fonctionner. Une petite étincelle vous traverse l’esprit et vous prenez alors le temps d’inspecter vos plantes de plus prêt.
Et pour la première fois, vous les voyez… Ils sont là depuis l’arrivée des beaux jours mais étaient encore trop peu nombreux et bien dissimulés pour être remarqués : les pucerons, tomates au bec !
Sortis de leur phase hivernante il y a quelques semaines, ils ont colonisé en toute discrétion vos plantes avec un seul objectif : se nourrir et se reproduire le plus vite possible.
Les pucerons et la tomate, ce n’est vraiment pas sorcier.

Rassurez-vous il n’est jamais trop tard pour vous en débarrasser. Cependant, il va de soi qu’une détection plus précoce de ces vilaines bestioles augmente vos chances de mieux les contrôler.
En réalité, dès qu’un petit foyer est détecté, il ne faut pas hésiter à mettre en place des précautions pour les prochains à venir.
Et ces actions doivent être réalisées avec assiduité si vous ne voulez pas être dépassé ! En apprenant à maîtriser les premiers foyers du début de saison.
Je me suis dit que j’allais partager avec vous ce qui avait fait la différence pour beaucoup de personnes que j’accompagne dans la protection de leurs cultures contre les pucerons. Mais aussi ce qui a fonctionné pour moi, au jardin de campagne comme sur ma terrasse chaque année.


Dans cet article, je vais vous montrer les astuces exactes pour réussir à prévenir les attaques de ces petits ravageurs.
Dans certains cas, vous serez peut-être pris de cours par de grosses infestations. Pour cela, je vous proposerai dans un second article, des traitements plus “curatifs” pour éliminer les pucerons sans pesticides.
Forcés de vous rendre à l’évidence, vos magnifiques plants de tomate sont attaqués par toute une colonie de pucerons. Mais comment en venir à bout sans ces produits chimiques que vous vous refusez à utiliser ?
Le puceron tomate : contrôlez-le avant qu’il ne soit là !
Le premier truc sur lequel bien des jardiniers amateurs n’agissent pas c’est la prophylaxie. Mais quésaco ? 🧐
C’est tout simplement un ensemble de méthodes, souvent culturales, qui combinées les unes aux autres visent à empêcher, limiter ou retarder l’apparition et le développement des nuisibles et maladies.
En réalité, pour le jardinage biologique, la prévention sera votre meilleure arme !
Dès que vous avez décidé d’entreprendre des plantations, et si vous tenez à en tirer le meilleur, vous devez leur assurer un environnement à la fois propice à leur bon développement et réfractaire aux insectes ravageurs !
Pour cela, voyons ce que vous pouvez mettre en place.
Mais d’abord, un premier prérequis.
Achetez des jeunes plants de tomate sains
Dans le cas de jeunes plants achetés en jardinerie, la première chose à faire et de contrôler leur qualité. Inspectez les sous tous les angles.

Pourquoi cette première précaution est capitale ?
Car chaque puceron peut donner naissance rapidement à une centaine d’individus. Il suffit que quelques plants soient infestés et dispersés dans votre potager pour que les colonies se propagent en un rien de temps !
De plus, comme beaucoup d’insectes piqueurs suceurs, les pucerons sont vecteurs de virus.
Sur la tomate, le plus commun est le virus de la mosaïque (ToMV pour tomato mosaic virus). Il peut entraîner des décolorations du feuillage qui impactent directement la croissance de la plante. Les fleurs tombent prématurément et les fruits déjà présents ne grossissent plus.
Bien qu’il existe des variétés dites résistantes à ce type de virus dans le commerce, deux précautions en valent mieux qu’une !
Alors lors de vos achats de jeunes plants, assurez-vous de ne pas ramener de petites bêtes susceptibles de transmettre le virus à tous vos plants une fois au jardin.
Contrôlez les fourmis pour limiter les pucerons tomates
Si vous lisez cet article c’est pour suivre une démarche plus responsable dans la protection de vos plantes. Il va de soi que vous ne voulez aucun mal aux petites bêtes qui se promènent dans votre jardin car vous savez qu’elles jouent un rôle écologique important dans votre modeste écosystème.
Les fourmis ne dérogent pas à la règle. Elles sont d’une grande aide au jardin.
En aérant le sol avec leurs galeries et en vous débarrassant des cadavres d’insectes et fruits pourris à la surface du sol, elles participent grandement à la décomposition des déchets organiques.

Cela dit, elles protègent activement des cheptels de pucerons tomates. Allant même jusqu’à les déplacer d’une plante à une autre pour favoriser leur expansion. En échange de quoi, elles prélèvent une taxe alimentaire de choix : le miellat. Sucré et extrêmement nutritif, elles en raffolent.
Alors lorsque vous les observez sur vos plantes en train de bichonner ces vilaines bestioles qui pompent impunément la sève vitale de vos tomates, vous leur trouvez instantanément moins d’utilité.
Au fond de vous, vous ne leur voulez aucun mal, mais là c’est inacceptable !
Je m’y attendais un peu.
C’est pour cela que je vous propose…
2 méthodes naturelles pour réduire l’impact des fourmis sur les infestations de pucerons tomates
Sachez que beaucoup de solutions naturelles existent pour ceux qui souhaiterai expérimenter par eux même. Pour ma part, j’en ai essayé quelques-unes et j’ai trouvé le bon compromis entre praticité et efficacité avec les deux méthodes ci-dessous.
1. Détournez leur attention en positionnant régulièrement une coupelle de solution sucrée diluée dans de l’eau (sucre, miel ou sirop) à proximité des fourmilières. Ceci limitera fortement leur présence sur vos plantes et donc le dispatche des pucerons un peu partout.
2. Perturbez leur trajet olfactif en y répandant de fortes odeurs. Huiles essentielles (lavandin, menthe poivrée), vinaigre blanc, infusion de mélisse citronnelle, origan. Au pied de vos plantes, ces odeurs dissuaderont les fourmis d’y tracer une route vers les gros foyers de pucerons.
Vous trouverez également toutes sortes de méthodes complémentaires sur internet. La majorité étant à base de plantes répulsives (basilic, ail, menthe, œillets d’Inde) mais aussi de marc de café et de craie contre les pucerons tomates.
Fastidieuses à mettre en place pour certaines, farfelues pour d’autres, ces solutions ne sont pas toujours aussi évidentes et efficaces qu’elles ne le laissent paraître n’est-ce-pas ?
Je comprends totalement ce raisonnement !
C’est pourquoi je vous propose de considérer une solution bonus approuvée par beaucoup de professionnels si vous n’avez pas le temps d’expérimenter des recettes de grand-mère…
… Utilisez les nématodes Steinernema feltiae contre les fourmis qui contrôlent les pucerons
Ce sont de redoutables parasites des insectes du sol. Des vers microscopiques qui pénètrent à l’intérieur du corps de la fourmi pour y libérer une bactérie qui permettra aux nématodes de se nourrir de leur proie et d’en venir à bout de manière totalement naturelle.
Mais alors comment bien utiliser les nématodes du commerce ?
Ils s’utilisent aussi bien pour des traitements préventifs que curatifs. Vendus sous forme de poudre à diluer dans de l’eau, l’action d’un seul traitement dure en générale plusieurs semaines.
Quelle dose de nématodes appliquer ?
– Pour une fourmilière : 1 millions de nématodes pour 2 litres d’eau.
– Pour un mètre carré de surface : 0.5 (préventif) à 1 millions (curatif) de nématodes pour 2 litres d’eau.
Un conditionnement de 5 millions de nématodes du commerce vous permettra donc de traiter 5 fourmilières (1 million par fourmilière) ou 10 m² de surface.
Quelles sont les périodes pour traiter les fourmis avec des nématodes ?
Lorsque la température du sol se situe entre 12 et 30°C. En générale d’Avril à Septembre.

Comment bien préparer et appliquer vos nématodes ?
Favorisez une application tôt le matin ou en fin de journée pour éviter l’évaporation trop rapide du mélange. Voici les étapes à suivre pour une efficacité optimale :
1. Humidifiez préalablement la surface que vous allez traiter pour faciliter l’installation des nématodes qui utilisent l’eau pour se déplacer.
2. Versez le contenu du sachet dans un arrosoir ou une cuve de préparation.
3. Ajoutez 2 litres d’eau à température ambiante pour chaque million de nématode. Dans le cas d’un pulvérisateur, veillez à retirer les filtres des buses qui serait inférieur à 1 mm (autrement les nématodes sont susceptibles de ne pas passer à travers).
4. Mélangez en remuant délicatement pour homogénéiser le tout.
5. Arrosez directement la fourmilière avec le mélange ou pulvérisez la surface à traiter.
Disponibles dans le commerce pour le grand public, voici les deux marques que j’ai sélectionné pour vous. La souche de nématode étant exactement la même, la différence se fait au niveau du conditionnement qui sera plus ou moins adapté à vos besoins.
La marque Allemande E-nema propose des paquets de 50 millions à 32.95€ pour traiter une surface allant jusqu’à 100 m².
La marque Française Décamp spécialisée dans la lutte bio pour le particulier propose un conditionnement unique plus petit de 5 millions de nématodes à 13.42€
Avec des solutions de lutte biologique, personne ne peut garantir un succès à 100%
Je comprends que vous soyez hésitants avant d’acheter ce type de produit. Normal. En toute honnêteté c’est impossible de vous garantir leur efficacité à 100%.
Si je connaissais un traitement infaillible, je ne m’embêterais pas à vous proposer une combinaison de plusieurs méthodes naturelles pour mettre toutes les chances de votre côté…
C’est pourquoi le choix vous appartient. Traiter avec des nématodes n’est pas forcément adapté à toutes les situations.
Remarques : il est tout à fait possible de stocker les nématodes au réfrigérateur à 5-6°C dès leur réception. Attention cependant à ne pas les congeler ! Enfin, comme pour les produits frais, veillez à bien respecter la date limite d’utilisation indiquée sur le paquet.
Utilisez des plantes pour protéger vos tomates des attaques de pucerons
Que vous cultiviez vos tomates sous serres, au jardin ou dans un carré potager sur votre balcon, vous pouvez améliorer leur protection en utilisant les avantages que procurent d’autres espèces de plantes.
Plantes pièges, plantes indicatrices, plantes répulsives, plantes réservoir, plantes attractives. Vous avez l’embarras du choix !
Je vous propose d’opter pour des plantes qui repousserons les pucerons, ou bien des plantes ‘relais’. Tel un appât, ces dernières permettent de concentrer l’attention de tous les pucerons au même endroit et d’attirer leurs prédateurs naturels en masse.
Voici un listing des plantes les plus efficaces que j’ai retenu pour chacune de ces deux catégories.
Plantes répulsives contre pucerons
- Le classique œillet d’Inde (Tagetes patula)

Les semences d’œillet d’Inde sont peu dispendieuses à l’achat et facile à cultiver. Prévoir environ 12 semaines pour la floraison. Ces plantes fleuris conviendront parfaitement à tous les jardiniers amateurs qui désirent tenir les pucerons à distance. Cependant, soyez avertis, les œillets d’Inde attirent limaces et escargots… On ne peut pas tout avoir !
- Le souci (Calendula officinalis)

Connu pour son caractère répulsif contre les pucerons et arborant de multiples coloris, elle sera à positionner de préférence à l’ombre et à semer au mois d’avril. Tout comme l’œillet, le souci se trouve partout et ne réclame que très peu d’entretien.
- L’armoise (Artemisia vulgaris)

Avec une croissance rapide et peu de besoins en eau, cette plante vivace fleurie entre juin et juillet. A planter à partir de mars, au soleil ou mi-ombre. Éloigne non seulement les pucerons mais également les rongeurs, limaces et chenilles. Parfait pour combiner avec l’œillet !
- Le cierge d’argent (Cimicifuga racemosa)

Originaire d’Amérique du Nord, cette variété de fleur rustique tolère très bien les conditions sèches. Qualifié de ‘bugbane seed’ (graine anti-insecte) par les américains, elle est d’une aide non négligeable pour éloigner les pucerons et moustiques.
Vous l’aurez compris, la forte odeur de toutes ces plantes agira comme un répulsif naturel sur les insectes malveillants de votre potager.
Plantes relais (attractives de pucerons)
L’idée ici est d’attirer les pucerons tomates. Oui oui ça peut paraître contre intuitif, mais c’est aussi un moyen de les contrôler !
En attirant les ravageurs ailleurs que sur vos cultures vous détournez leur attention. En les laissant s’installer sur ces plantes relais, leur présence favorisera la venue de prédateurs naturels qui assureront ensuite la détection et le contrôle des pucerons sur la culture.
- La tanaisie (Tanacetum vulgaree)

Herbacée vivace, cette plante commune en Europe a pour effet d’attirer les pucerons et donc les coccinelles qui s’en donnent à cœur joie ! De plus, en été, son odeur prononcée éloigne les fourmis et doryphores.
- La capucine (Tropaeolum majus)

Ah la fameuse capucine ! Cette plante péruvienne se retrouve souvent associée au potager car est un véritable aimant à pucerons noirs (Aphis fabae) ! A semer au soleil sur tout type de sol.
Le sacrifice de vos capucines est un choix judicieux pour éliminer un bon nombre de pucerons. Une fois la plantes “appât” très infestée, apportez régulièrement des auxiliaires dessus, détruisez-la ou remplacer la par une nouvelle.
Beaucoup d’autres espèces que celles que je vous ai cité sont utiles au potager. C’est notamment le cas des plantes mellifères qui attirent pollinisateurs et auxiliaires anti-pucerons à proximité de vos tomates.
Alors, si lutter contre les pucerons de façon biologique est votre priorité, ne réfléchissez pas trop ! Optez pour ces petits investissements aux grands bénéfices.
Mieux gérer votre engrais pour favoriser les défenses de vos plantes (et limiter les pucerons tomates)
Pour contrôler les populations de pucerons il faut agir à tous les niveaux. La gestion de l’engrais constitue une approche de plus pour limiter les nuisibles.
Oui mais attention, renforcer vos plantes avec de l’engrais certes, mais de façon RAISONNÉE !

En début de plantation, il faut des quantités raisonnables d’azote N (aide au développement des feuilles) et de phosphore P (aide au développement des racines).
Des études ont montré que la surabondance d’engrais chimiques (matières minérales à absorption rapide) rend la sève plus attractive pour les pucerons.
Certains utilisent de l’engrais tomate classique destiné aux plants adultes qui produisent des fruits. D’autres prennent de l’engrais géranium. Ces derniers sont inadaptés car souvent trop riche en potassium (K) qui sera surtout important par la suite lors de la mise à fleurs et à fruits.
Alors, croyez-le ou non, booster vos jeunes plants trop rapidement avec des engrais chargés en azote (N) et en potassium (K) ne fera qu’aggraver les choses !
Les feuilles et tiges consommeront plus qu’elles ne le devraient et l’excès de sève en circulation dans le système attirera d’avantage les nuisibles…
Résultat : l’excès de vigueur tue la vigueur !
Fertiliser de façon correcte et équilibrée
Dans les faits, retenez qu’il faut fertiliser convenablement afin de ne pas modifier drastiquement la composition de la sève.
Évitez les apports d’engrais trop riches en azote. Vos plantes pousseront moins vite mais seront en meilleure santé et moins sujettes aux attaques de pucerons tomates et maladies.
Par conséquent, utilisez des engrais naturels s’approchant le plus possible d’une composition en N.P.K de 5.3.3.
Le terreau contient généralement tout ce qu’il faut pour une bonne évolution du plant dans un premier temps. Tout comme le compost et le fumier en début de végétation (engrais organique à décomposition lente).
Remarque : des doses trop importantes d’engrais biologique peuvent également entraîner un surplus d’azote.
Vous voilà on ne peut plus prêt pour gérer au mieux vos apports d’engrais en début de culture et offrir du répit à vos tomates.
En résumé
Je peux vous assurer qu’en appliquant tous ces conseils, la porte ne sera pas grande ouverte pour accueillir les pucerons tomates !
Dans les grandes lignes :
Vous avez la possibilité de lutter contre les pucerons en anticipant leur arrivée à l’aide de l’ensemble des mesures préventives que je vous ai présenté dans cet article.
- Contrôlez dès le départ les plants que vous achetez
- Limitez la venue des fourmis en détournant leur attention et en traitant les fourmilières proches de votre potager avec des nématodes entomopathogènes
- Plantez des plantes répulsives et/ou attractives pour enrayer les infestations massives de pucerons
- Évitez de booster vos jeunes plants trop rapidement avec des apports d’engrais trop riches en azote.
La combinaison de ces précautions limitera de façon radicale l’impact de ces ravageurs sur vos tomates.
Mais attention, gardez bien à l’esprit que le succès de la Lutte Biologique repose également sur l’intervention d’insectes auxiliaires à introduire sur vos cultures ou à favoriser dans votre jardin.
De plus, beaucoup de traitements à base de substances naturelles compatibles peuvent être utilisés en complément lors d’attaques plus importantes.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire “Comment protéger vos tomate contre les attaque de pucerons ? (partie 2).“