Protégez vos palmiers du charançon rouge avec ces 3 solutions biologiques

Originaire d’Asie du Sud-Est, le charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus) est un ravageur sans précédent. Cela fait maintenant quinzaine d’années que les palmiers français sont victimes de ses dégâts.
Dans le sud de la France, il menace le patrimoine palmier de la Côte Azuréenne. La lutte contre ce nuisible est sans relâche.
L’essentiel
- Pulvérisez de façon systématique des nématodes entomopathogènes du charançon rouge sur vos palmiers
- Installez au sol des pièges Picusan et/ou Pitfall équipés de phéromones attractives
- Traitez tous les 3 mois vos palmiers avec un champignon parasite (Beauveria bassiana avec le produit Phoemyc+)
Le charançon rouge : fléau de nos palmiers
Après avoir passé l’hiver à l’état larvaire et bien au chaud dans le cœur des arbres, le vilain charançon rouge est de retour !
L’irrésistible odeur des palmiers attire les adultes. Ils s’y reproduisent et y pondent leurs œufs. Très vite, les jeunes larves pénètrent dans le tronc et se nourrissent des fibres qui le constitue. C’est le début de l’infestation.
Dattier, Chamérops, Washingtonia, Phoenix, Trachycarpus, la majorité des espèces de palmiers est touchée tôt dans la saison. Malheureusement, les premiers symptômes ne sont visibles qu’après plusieurs mois.
Habillant çà et là les bordures des routes et le pourtour de vos piscines ces monocotylédones en forme d’éventail se font assaillir dès le mois de mars.
S’ils ne sont pas suivis de prêt, ils finissent par dépérir laissant place à des troncs sans vie rappelant des totems indiens.

Dans notre malheur, nous envisageons secrètement d’abandonner le combat avant même de l’avoir commencer. En résumé, de tout tailler et de ne pas traiter. De raser notre bel arbre jusqu’à la souche faute de solutions « faciles ».
Le pire, c’est que cela reportera le problème chez notre voisin. Lui qui tient particulièrement à ses arbres exotiques et n’envisage pas d’abréger leurs souffrances sans avoir tout essayé.
De plus, comme nul n’est censé ignorer la Loi, sachez qu’un arrêté ministériel rend la lutte contre les ravageurs du palmier obligatoire dans toute la France.
Les arbres infestés doivent être traités et assainis par des professionnels agréés.
Mais alors comment éviter d’en arriver là ? Quelles sont les solutions pour prévenir la mort prématurée de vos beaux palmiers ?
D’abord, mettons les choses à plat. Il n’existe aucune solution « facile » contre le charançon rouge.
Cependant, ce ravageur est peut-être très invasif et coriace mais pas immortel !
C’est pourquoi je suis là pour vous guider.
Dans cet article, je vais vous donner l’ensemble des solutions bio actuelles. Celles qui fonctionnent le mieux pour lutter contre le charançon rouge. Celles que j’ai pu expérimenter au travers de mon travail.
Alors ne perdez pas espoir. Je vais vous aider à sauver vos palmiers ou du moins les derniers qu’il vous reste.
Protégez vos palmiers du charançon rouge à l’aide de nématodes entomopathogènes (Steinernema carpocapsae)
De loin la méthode la plus connue et la plus utilisée.
Le principe est simple et approuvé.
On applique une bouillie à base de verres microscopiques (les nématodes) dilués dans de l’eau.
Pulvérisé dans la couronne et sur le stipe du palmier, ce mélange se repend ensuite dans le tronc.
Grâce à leur infime taille, les nématodes pénètrent facilement par les orifices naturels (pores) des larves du charançon.
Une fois à l’intérieur de leurs hôtes, les nématodes perforent les intestins et y libèrent des bactéries symbiotiques qui provoquent la mort de la larve sous 2 jours.

Les nématodes se multiplient dans le cadavre et les nouveaux nés finissent par en sortir pour aller à la recherche d’autres larves.
La Nature est parfois dégoutante n’est-ce pas ?
Cependant, sans ces petits verres, la lutte contre le charançon rouge serait déjà perdue d’avance.
Heureusement, j’ai eu l’occasion de tester cette solution chez de nombreux particuliers.
Mon avis et mes conseils pour utiliser les nématodes.
Le bon point c’est que les conditionnements disponibles dans le commerce sont adaptés à tout type de cas.
Que vous ayez 1 ou 30 palmiers à traiter il vous suffira donc de choisir la quantité de nématodes la plus adaptée.
Vous trouverez des boites de 25, 50, 250, 500 millions et même 2.5 milliards.
Côté tarifs, ça reste raisonnable. En moyenne 15€ pour 25 millions de nématodes.
25 millions, c’est juste assez pour traiter un gros sujet.
Quand on sait qu’il faut traiter environ une fois par mois entre mars et novembre… ça fait 135€ par an pour protéger un arbre.
On est d’accord, c’est déjà un bon budget ! Voilà pourquoi certains préfèrent couper à ras plutôt que de traiter.
Pour ce qui est du dosage recommandé, je le trouve un peu faible.
Avec 1,5 millions de nématodes indiqué par litre d’eau, j’ai remarqué que l’efficacité n’est pas optimale.
Personnellement, je vous recommande de compter minimum 2 à 3 millions de nématodes par litre d’eau. Avec ce dosage vous êtes large.
Sur le papier, il est conseillé d’appliquer 15L de bouillie par arbre. Une moyenne qu’il faut bien évidemment adapter selon votre cas…
Voilà pourquoi je vous ai préparé le tableau ci-dessous.
Doses de nématodes en fonction du nombre et de la taille des palmiers à traiter contre le charançon rouge.

Points positifs :
- Très efficace si vous êtes rigoureux et traitez vos palmiers toutes les 3 semaines.
- Traitement possible avec un système de pulvérisation classique.
- Vous pouvez traiter par temps couvert et même sous une légère pluie.
- Les nématodes se conservent jusqu’à 1 mois au frigo après réception.
- Produit approuvé par les professionnels et disponible dans de nombreuses jardineries.
Points négatifs :
- Nécessite beaucoup d’eau pour être sûr de fournir le milieu idéal au développement des nématodes.
- Sur des palmiers de grande taille, le traitement est rendu difficile et demande du temps pour être bien fait.
- Une fois ouvert, il faut utiliser l’intégralité du conditionnement.
Où acheter vos nématodes ?
Protégez vos palmiers du charançon rouge à l’aide de pièges et phéromones
Il existe plusieurs types de pièges que vous pouvez vous procurez en ligne ou dans des coopératives agricoles.
Le piège picusan contre le charançon
Celui que je connais le mieux. Efficacité prouvée. Constatez par vous-même en consultant les avis des personnes ayant acheté ce modèle.
Ses couleurs ont l’avantage d’être assez discrètes.
Point positif : pas besoin d’enterrer la partie inférieure dans le sol, ni d’y ajouter de l’eau comme c’est le cas avec d’autres modèles.
Où acheter un piège Picusan ?
Le piège Pitfall contre le charançon
Un modèle tout aussi populaire mais impliquant plus de manipulations à l’installation.
Le flacon de phéromones doit être visser au centre.
La partie basse (jaune) doit être enterrée afin de correspondre au niveau du sol. Il faut également la remplir d’eau pour s’assurer que les charançons ne parviennent pas à ressortir.
Où acheter un piège Pitfall ?
Le piège Chinese Trap contre le charançon
Vous pouvez également avoir recours à un piège plus volumineux.
Petite mise en garde. Fabriqué et commercialisé par une société chinoise (South Perfect Biotech), ce modèle est difficilement trouvable sur le marché français.
La référence existe bien sur des sites comme Alibaba.com. Mais les quantités minimums de commande sont trop importantes car réservées aux professionnels spécialistes du biocontrôle du charançon rouge.
La seule possibilité à ma connaissance est aujourd’hui l’association SNP (Sauvons Nos Palmier) basée dans le Var.
En devenant adhérant, vous pourrez obtenir ce type de piège à l’unité via l’association.
Pour autant, il me semble intéressant de vous partager les caractéristiques de ce piège ingénieux.
Différent en tout point des autres modèles, il se suspend directement dans les palmes.
Vous remarquerez que sa forme a été conçu pour imiter le tronc d’un palmier. Et c’est ce qui le rend si efficace. Ah ils sont fort ces chinois !
Et les résultats le prouvent comme le témoigne un adhérent de l’association dans cet article. Ce leurre de grande taille attire d’avantage les charançons que les pièges classiques.
La phéromone : un indispensable pour piéger le charançon
Que ce soit clair. Quel que soit le modèle de piège que vous choisissez, le positionnement d’une phéromone à l’intérieur est primordial.
Comptez une phéromone par piège et environ un piège pour 20 palmiers.
Le principe :
- Attirer le maximum de charançons adultes au fond du piège pour en éliminer le plus possible.
- Evaluer la pression en comptant le nombre de coléoptères piégés. Permet de cibler vos périodes de traitements à base de nématodes pendant les fortes affluences de population du ravageur.
La plupart des phéromones ont une durée de diffusion s’étalant sur 2 mois. Il faudra ensuite la changer et ainsi de suite pendant toute la période à risque (mars à novembre).
En générale, les conditionnements se présentent sous forme de capsules en silicone ou de flacon avec un diffuseur.
Où acheter des phéromones spéciale charançon rouge ?
Voici les références que j’ai pu tester :
a) La phéromone en diffuseur (spéciale longue durée)
Points positifs :
- Durée de diffusion longue de 3 mois.
- Se conserve au moins 2 ans à température ambiante.
Points négatifs :
- Certains vendeurs abusent sur le prix, jusqu’à 40€ par flacon.
- Association uniquement possible avec un piège de type Pitfall.
b) La phéromone encapsulée
Points positifs :
- Bon marché, environ 10€ par capsule.
- S’utilise avec tout type de piège.
- Facile à positionner, il suffit de déposer la capsule dans le piège.
- Conservation pendant 2 ans au congélateur.
Points négatifs :
- Durée d’action de 2 mois contrairement au diffuseur.
Protégez vos palmiers du charançon rouge à l’aide de grains de riz avec le Phoemyc+
Non vous ne délirez pas ! Je parle bien de grains de riz.

Il s’agit en réalité d’un champignon du sol (Beauveria bassiana).
A son contacte, les charançons adultes sont infectés. Les spores du champignon germent et dégradent la surface de l’insecte pour pénétrer à l’intérieur.
Il se multiplie ensuite en consommant les nutriments et en sécrétant des toxines dans les organes. Le charançon meure en quelques jours.
Enfin, le champignon produit de nouvelles spores pour se disperser plus facilement et contaminer d’autres individus.
Mais alors pourquoi je vous parle de grains de riz ?
Une société espagnole (Glen Biotech) a mis au point un procédé tant innovant que surprenant.
La firme à ensemencé le champignon sur des grains de riz.
La dispersion du microorganisme entomopathogène au cœur des palmiers devient bien plus facile et pratique.
C’est fou la science non ?!
Sur le marché depuis 2016 et fabriqué en Espagne, ce produit bio zéro déchet démontre de très bons résultats.
Comme le montre les tableaux ci-dessous, appliqué que 3 fois par an dans les palmiers des Canaries, le Phoemyc+ a réduit d’environ 80% la population de charançon rouge dans les palmiers traités par rapport aux palmiers non traités (témoin).
Tableaux des résultats d’essais pour l’homologation du Phoemyc+


Comme ce produit est encore peu connu, voici un tableau récapitulatif de son utilisation :
Doses de Phoemyc+ à utiliser selon la taille de votre palmier à traiter contre le charançon rouge.

Points positifs :
- Un produit très intéressant en termes d’’efficacité.
- Une bonne persistance d’action, environ 90 jours.
- S’applique à sec en un temps record par palmier (environ 5 minutes).
- Pas de résidus et non dangereux pour les animaux domestiques.
- Seulement 3 traitements par an autorisés (1 tous les 3 mois).
Points négatifs :
- La distribution de ce produit est particulièrement nouvelle sur le marché français et encore peu accessible car réservée au professionnels.
- Produit qui s’applique uniquement en préventif.
- N’adhère pas comme un liquide, doit être positionner précisément au niveau de la couronne à l’aide d’une perche télescopique.
- Autorisé uniquement sur les espèces de palmiers Phoenix, Washingtonia, Chamaerops et Trachycarpus.
Avec l’interdiction des traitements chimiques par les autorités, toutes ces solutions biologiques représentent de réelles alternatives de contrôle du charançon. Elles s’inscrivent dans une démarche environnementale par laquelle nous sommes tous concernés.
Voilà. Vous savez tout. A vous d’en faire bon usage.
En résumé
Capable de détruire un grand palmier en quelques mois, le charançon rouge est classé en liste rouge. La lutte contre ce ravageur est obligatoire !

Ne désespérez pas. Il y a toujours des solutions pour les plus persévérants.
Pour sauver vos palmiers, vous n’avez que deux options. Couper votre arbre à ras pour le transformer en un totem inerte, ou alors, prendre le scarabée par les cornes et vous battre à la loyale.
Pour une lutte efficace, vous devez considérer l’ensemble des solutions de cet article. Combinées les unes aux autres, elles formeront une stratégie globale capable de sauver efficacement vos palmiers.
Les nématodes ont déjà leurs partisans et en conquiert davantage tous les ans. Espérons que des avancées en termes de tarifs et d’optimisation des conditions de mise en œuvre voient le jour dans les prochaines années.
Le piégeage représente un outil indispensable dans la détection et la réduction des populations de charançon.
Enfin, la solution à base du champignon Beauveria bassiana semble être une alternative innovante démontrant de très bons résultats. Encore faut-il que la distribution du Phoemyc+ par la société Espagnole se développe sur le marché français.
Alors quelle sera votre stratégie contre le charançon rouge ?
A très bientôt et bonne chance !